EFFET DU HASARD SUR L’ORACLE
La
question restait en suspend : la connaissance de l’oracle modifie-t-elle
le hasard
A
ce jour aucun divinateur ne s’est hasardé à traiter de cet aspect pratique de
la manifestation de la divination. En général le divinateur est payé pour
persuader son client que l’accès au présage modifie, instantanément, son futur.
Ce qui n’est pas le cas, en voici la raison.
L’oracle
se définissant ainsi «amélioration des conditions matérielles d’existence».
Supposons
que l’accès à l’oracle du divinateur se passe au temps t.
Supposons
ensuite que les actes du client se passent au temps t+1.
Ce qui ferait t-t+1=1
Cette
équation est exclusivement vraie pour le calcul de la succession temporelle.
Vous consultez à 10h et vous agissez ensuite à 10h15. La période de temps de 15
minutes entre 10h et 10h15 change-t-elle quelque chose ? Pour que ce soit
le cas, il faudrait que le divinateur agisse sur les ruptures spontanées de
symétrie de son client. Afin de toutes les changer pour que chacun de ses actes
soit producteur de gains cumulatifs. Par quelle opération ? Prenons le cas
où celui-ci, non joueur, achète un billet de loterie. Ses espérances de gagner,
comme ses craintes de perdre au tirage, sont égales. Et cela quel que soit le
contenu du présage. L’acte d’achat permet uniquement de participer au tirage,
en déterminant, potentiellement, la répartition des gains entre le, et les
gagnants en fonction d’une somme de mises déterminées et de règles
d’attribution des gains. Déduction faite des prélèvements fiscaux et des frais
de gestion de la loterie. Le joueur est convaincu que la chance est avec lui,
appelons cela l’effet persuasif du présage. Toutefois cette donnée reste sans
aucune incidence sur le numéro du billet de loterie acheté.
Le
divinateur, n’a à ce jour, pas apporté la preuve de sa capacité à lire par
avance le numéro du billet de loterie gagnant. Si c’était le cas il serait déjà
riche, et n’aurait pas besoin de tirer le diable par la queue en contrefaisant
le divinateur pour attirer la clientèle des crédules afin de cumuler du chiffre
d’affaire avec les «gogos». Le client ayant acquit son accès à la répartition
des tirages, par l’achat d’un billet, peu importe qu’il communique ou non le
numéro de son billet au présagiste, il faudrait, pour qu’il soit gagnant que le
divinateur effectue lui-même le tirage de la loterie. En entrant comme numéro
gagnant celui de son client. Ce qui est matériellement exclu. Puisque le tirage
est confié à un tiers extérieur, sur un plateau de télévision.
Généralement
on observe l’éventualité d’attribution d’un gain minime, de quelques euros, au
profit du non joueur, lors du premier
tirage. Cet aléa, de nature purement statistique, fait l’objet d’une
interprétation favorable au divinateur sous l’expression chance, alors qu’il
n’en est rien. Statistiquement, les tirages suivants, dans la mesure où le non
joueur persévère à acheter des tickets de loteries, se traduisent par des
pertes successives, dont le cumul du prix des billets de loterie gomme le
premier gain obtenu. C’est comparable au lancé d’une pièce à pile ou face,
dégénérée de 0,5. Premier lancé, pile, second lancé pile, troisième et
quatrième lancés face, amorçant une suite continue de faces. Appelons cela la
mise en œuvre de la loi de Galton de la régression vers la moyenne. Après un
gain modestement aléatoire, le joueur revient à sa situation antérieure de non
joueur, sans gain. La connaissance de l’oracle n’a rien changé. Cela peut se
traduire par la formule PP, PF, FP, FF. Sur les huit combinaisons on relève 4
faces, pour 4 piles. Indication que l’aléa marque une égalité potentielle de
résultat sans gain. Equivalent au potentiel de pertes F. Pas d’amélioration
financière potentielle. Voila la fréquence théorique sur 8 combinaisons. Chaque
combinaison est indépendante l’une de l’autre. Il y a une combinaison sur 4 de
gain PP. Mais aussi autant de perte FF. Ce qui signifie, oracle ou pas que les
espérances de gains sont aussi équiprobables que les craintes de perte.
Statistiquement les gains sont aussi aléatoires dans leur concrétisation que le
déficit. Une fois sur 4. Avec ou sans oracle. L’oracle n’apporte aucun plus.
Sauf à brouiller les repères et la compréhension à cause de l’effet persuasif
du présage. En théorie l’oracle, reste sans action sur le hasard, y compris en
persuadant le client qu’il débute une période financièrement faste.
L’impromptu
du gain facile, donne ensuite lieu à l’impromptu du cumul des débits. Avec une
régression vers la moyenne du type de la loi de Galton, sans possibilité statistique
de revenir à meilleure fortune. La connaissance de l’oracle reste sans effet
sur le hasard.
Sybille de Panzoust