Un débat...lage sous contrôle.
un débat...lage sous contrôle |
Malaise présidentiel, l'appel au débat daté 13 janvier 2019 se
place sous le signe cardinal autoritaire du directif...
La
dernière fois qu'une consultation/débat, en mai 89, avait lieu au plan
national, à l'initiative du monarque, il en résultait la rédaction des cahiers
de doléances par classes, et par catégories sociales. De ces cahiers de
réclamations surgissait la Révolution Française, et ses trois principes
ravageurs inattendus de liberté, d'égalité et de fraternité. Louis XVI aurait
du s’abstenir de se livrer à cet exercice.
La
garde de la liberté, confiée aux juges, depuis qu’ils ont perdu la clé du
placard où elle est rangée, l'usage qu'ils en font déçoit les attentes. La
justice devrait appartenir aux Justiciers. La société en manque cruellement. Pour
ce motif, les Gilets Jaunes descendent dans la rue chaque samedi. S’exposant
aux sentences de la répression judiciaire. Heureusement que le bagne n’existe
plus. Ils seraient déportés à Cayenne. Comme autrefois l’institutrice Louise
Michel, en Nouvelle Calédonie, poursuivie pour vol de pains en boulangerie, et
l’avoir donné aux ouvriers.
-L'égalité
pas assurée se prouve avec la différence de rémunération salariale entre les
femmes et les hommes, pour le même poste.
-La
fraternité reste encore un vain mot écrit au fronton des mairies. La mairie, ou
maison commune, ce n'est pas la communauté d’Emmaüs pour obtenir un coup de
main dans la détresse. Cherchez le Code de la Fraternité, ou celui de la
Solidarité pour en connaître les lois...Si elles existent. Nul ne connait le
nom de son éditeur. Introuvable, y compris aux éditions Légifrance, et le
président Macron écrit :
"la France est de toutes les nations une des
plus fraternelles". Lui et moi, sans équivoque, ne fréquentons pas les
mêmes français au crottidien.
La
lettre d'Emmanuel Macron, datée 13 janvier 2019, manque de spontanéité. Ce n'est
pas Louis XVI. Ce serait plutôt Louis Philippe, à contre emploi. Notez bien que
Philippe il l’a déjà comme premier ministre. Indice des temps, il ne manque
plus que l’ouie. Vraisemblablement logée dans le texte de la lettre datée 13
janvier 2019, d’appel au débat…lage, rédigée par un technocrate, payé pour la
circonstance de l'exercice. Cela se sent. Trop de distance, pas de chaleur, absence
de cœur, beaucoup de lieux communs pour meubler le vide des idées générales.
« impôts trop élevés…mauvaise
éducation entretenue docilement par les parlementaires en fin de chaque année,
lors du vote de la loi de finances annuelle», « salaires trop faibles…la faute aux patrons dixit la CGT». Abus
d’usage des « trop ». « Vivre
dignement du fruit de son travail…tout dépend de la pointure du pied. Il
chausse combien le président Macron ? 46-48 ? ». Derrière les
mots, et les clichés, employés dans cette lettre s’insinue la tentation
autoritaire du directivisme. Tout doit être sous contrôle, encadré. Autant de
manifestations de peur d’un débordement du président Macron par les initiatives
incontrôlées des Gilets Jaunes du débat…lage.
Autrefois,
l'habitude du royaume de France était de convoquer les Etats Généraux, afin de
donner un blanc seing au pouvoir, pour faire comme bon lui semble. Recherche de
l’obéissance des sujets, y compris pendant les guerres de religion qui
déchiraient le pays. A sa manière, la République du président Macron renoue
avec la tradition gallicane de la
docilité, en appelant, en apparence seulement, les citoyens à un grand
déballage pendant deux mois. Exercice bordé par la présentation des conclusions
présidentielles (déjà arrêtées à l'avance, défaut directif présidentiel du tout
est prévu) : " encadrée par toutes
les garanties de loyauté et de transparence". La rédaction de ce texte
s'inspire des propos habituellement tenus par la divination. Honnête et sérieux
pourrait-on ajouter, afin de paraphraser les faux voyants non sérieux. Dont on
ne peut rien attendre de concret. L'irrationnel étant par définition faux et malhonnête.
A peu de choses près, le débat..lage, que le président Macron appelle de ses
vœux, ressemble aux promesses d’un téléguidage sur circuit programmé. Exercice
autocratique d’une caricature de débat, encadré, sous vidéo surveillance! Il ne
manque que les drones de service pour compléter le tableau de ce débat…lage,
directif, organisé. Jusqu’à ce que le contrôle de la situation échappe complètement,
au président. Ce sera alors le commencement du début de l’échec envisageable.
Aux dernières présidentielles les abstentionnistes constituaient de loin le 1er
parti de France. Combien s’abstiendront de débattre en 2019, dans de telles
conditions d’encadrement, encadrées?
ϕClaude thébault 14/01/2019